Les gars du marketing #1
Par Arno le mardi 25 avril 2006, 23:35 - Les gars du marketing - Lien permanent
Un métier : le marketing.
Une mission : repousser chaque jour les limites de la connerie.
Aujourd’hui, les gars du marketing vendent du saucisson.
D’abord, les gars du marketing sont trop forts dans leur tête. Et ils n’ont pas peur de passer pour des cons :
Aucun risque qu’ils laissent leur cousine se foutre de leur gueule parce qu’ils ont écrit “idéals”, genre “Hé, Jean-Marc, ça bosse au service marketing ? Vous êtes toujours montés comme des chevals ? Ah, les mecs, vous êtes pas banaux !”. Non. Les gars du marketing savent bien que, si l’usage a fait de “idéaux” le pluriel masculin de l’adjectif “idéal”, le grand Littré se refuse à trancher, et laisse une porte ouverte à l’option discrètement érudite qu’ils ont choisie. Les gars du marketing, c’est des puits de science (pour la virgule après le sujet, c’est autre chose. Les gars du marketing, c’est pas le genre à se coltiner les règles de ponctuation. Mais tant que la ménagère comprend, hein…).
Bon, c’est sûr “ces mini saucissons secs vous étonneront par leur texture et leur saveur”, ça manque un peu de peps. Encore un coup de Jean-Marc, qui voulait finir rapidos parce que c’était l’heure de l’apéro. Régis, lui, il était plutôt pour l’option “laissez-vous séduire par leur texture et leur saveur”. Et Bernard préférait “emporter” plutôt que “séduire”. Mais “laissez-vous emporter par leur texture et leur saveur”, ils l’avaient déjà utilisé le mois dernier à propos d’un lot de bouses de vaches vendues sous vide. Les gars du marketing, c’est des professionnels, ils n’aiment pas se répéter. Du coup, Jean-Marc a coupé court aux discussions, et ils ont débouché une bouteille.
Ca se serait bien passé, si le stagiaire ne s’était pas tout à coup réveillé. “Dites, les gars, c’est pas un peu complètement con, cette phrase ? “vous étonneront par leur texture et leur saveur”, ça ne dit absolument rien des caractéristiques du produit, c’est nul ! On pourrait écrire un truc un peu plus précis, non ?”. Alors Jean-Marc a obligé le stagiaire à en bouffer un, de mini saucisson sec. “Ah oui”, a reconnu le stagiaire. “Cette texture croquante à base de boyau collagénique qui libère une boule de graisse molle sur le palais, c’est vraiment étonnant. Et cette saveur de nitrate de potassium aussi. Au temps pour moi, les copains !”.
Après, ça s’est un peu corsé, parce que Bernard s’est rappelé qu’ils avaient oublié l’essentiel : le mode d’emploi. Vite, Jean-Marc a attrapé le stylo, et il en a rédigé un en tirant la langue :
En fait, il manque la fin sur le paquet, c’est à cause du code barre qui prend toute la place. La suite que Jean-Marc avait prévue, c’était ça :
“Pour avaler un de ces étonnants mini saucissons secs, il ne vous restera plus qu’à saisir icelui entre deux ou trois doigts propres, puis porter la main à vos lèvres, ouvrir la bouche de manière à former un réceptacle, et introduire le produit derrière vos dents. Retirez prestement la main. Mastiquez ensuite pendant quelques secondes, si possible avec vos molaires (grosses dents du fond), et déglutissez. Les sucs digestifs libérés par votre estomac devraient vous permettre de digérer vos mini saucissons secs sans trop de peine. En cas de brûlures ou d’aigreurs, prenez un Rennie. La société “Les Gars du Marketing” décline toute responsabilité en cas d’ingestion du produit par des gens dépourvus de molaires (grosses dents du fond) ou de mauvaise utilisation de ce mode d’emploi”.
Comme ça n’apparaît pas sur le packaging, les gars du marketing sont un tantinet inquiets. Sans mode d’emploi digne de ce nom, la ménagère ne risque-t-elle pas, dans un moment d’égarement, de prendre son mini saucisson sec en suppositoire ? Ils en ont parlé aux gars du service juridique, qui ont commencé à faire le tour des jurisprudences, au cas où. Y aura-t-il un procès ? Le suspense reste entier.
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Commentaires
Oh ben il y a bien des ménagères qui ont utilisés des saucissons "normaux" à des fins réjouissantes certes mais peu gustatives. Alors en suppositoires, pourquoi pas ? Quand ça fond dans la bouche, ça peut fondre ailleurs…
Même pas ! D'accord, je pinaille, mais c'est tout l'intérêt de la syntaxe, de pinailler. Donc, si Littré se refuse effectivement à trancher dans le cas du substantif, il ne laisse aucun doute sur le pluriel de l'adjectif, sans conteste "idéaux". Cela dit, les gars du marketing savent peut-être pas distinguer un substantif d'un adjectif, passque bon, on peut pas être pro en tout hein, faut pas déconner. Même pas en marketing.
Les preuves : ''L'adjectif fait idéaux au pluriel. Le substantif peut le suivre ; En prenant en considération les exemples du Dictionnaire et ceux du Supplément, on peut penser qu'il est préférable de dire, comme M. Taine, idéaux au pluriel de l'adjectif ; mais que, au pluriel du substantif, les idéals est admissible comme présentant plus rapidement à l'esprit le sens de ce mot, qui, en cet emploi, n'est pas ancien.''
c'est à l'issue des quatres réunions de consommateurs-test et du sondage quanti en blind sur panel à quotas croisés de 2000 personnes, qu'ils ont choisi le vocabulaire à employer sur le packaging.
Jean-Marc et Bernard, ils pouvaient plus faire grand-chose. Le Boss allait pas passer là-dessus. Avec ce que lui avait coûté l'étude, fallait pas rêver.
Le plus désolant dans l'histoire... c'est que ça fonctionne. Tu les as bien achetés ces mini-saucissons, non ? (héhé). Ils étaient bons au moins ? Du genre, savoureux et à la texture unique ?
PS. c'est notablog, tout d'un coup et surtout, sans majuscule.
Moi ce que je trouve le plus savoureux dans cet emballage c'est qu'il ose rajouter "Nature"... tout d'abord avec cette emballage la nature elle à bon dos, mais bon qui achèterai ce produit dans un magasin en vrac à côté de saucissons bio...
Demain les gars du marketing font de la réclame politique
Si ce genre d'exploit rhétorique pour demeurés gavés de sous-culture (genre l'espace de cerveau maintenu artificiellement en veille disponible pour la pub) ne concernait que les mini saucissons, ça resterait poilant. Mais si on remplace mini saucisson par candidat à la présidentielle par exemple, on voit bien que le Jean Marc et le Bernard sont équipés pour nous faire la retape du produit (quand t'as fait force de vente première langue, peu importe le motif, c'est le challenge qui compte). Et là, je me mare un peu moins parce que si le mini saucisson j'arrête quand je veux, voter ça me parait encore un acte qui dépasse le besoin strictement personnel.
Marcel
En résumé de tous ces commentaires... Bin oui ! Marcel ! la politique c'est comme les petits saucissons bien emballés dans leur préservatif en plastique par les gars du marketing. Les candidats, sur la ligne de départ,sont tous, comme ces petits saucissons -" idéals" ou " idéales ", voire même "idéaux" - et nous étonnent tous par leur texture et leur saveur... Mais ! une fois élus - c'est souvent comme avec les suppositoires - on en a vite plein le c.. Même chez les ménagères rodées à tous les usages...
P.S. Je n'ai toujours pas compris comment ça marche, mais merci du fond du coeur à celui/celle/ceux qui ont mis un lien là. Comme on disait en CM2, je ne me sens plus pisser.
Très bon le comm' de Marcel : je vois très bien le rapport entre un candidat à la présidentielle... et un suppositoire !
un peu facile de se payer la tete des gars du marketing sur l'orthographe...
"Au temps pour moi, les copains !". bien vu, mais ca serait plutot "Autant pour moi...". C'etait pour faire plus vrai ? ah pardon...
Yop, tu aurais mieux fait de te taire, on écrit bien au temps pour moi et non autant !
bon on peut dire les 2 dis donc... J'ai appris un truc
Oui ben le "on peut dire les deux", c'est exactement comme quand LeChieur parle du Littré qui ne veut pas trancher !
La vraie formulation d'origine c'est quand même "au temps" !
Tient j'aurais juré qu'il n'y avait que autant qui était bon. Mais qu'on me pardonne, je suis une daube en français.
L'expression "au temps pour moi" est surannée, donc l'oreille corrige en "autant" et on croit souvent que cette dernière est la bonne formulation. Mais je confirme ce que dit Droop.
En plus, faut pas faire chier LeChieur sur l'orthographe : je suis loin d'être infaillible, mais j'ai un puissant service "mémé-relecture" à ma disposition...
Yop > Pourquoi "facile" ? Quand on imprime des choses qui seront lues par des millions de gens, on a la responsabilité de veiller à son orthographe, je trouve. C'est valable autant pour la presse que pour les produits de grande consommation ou les animateurs de TV / radio qui font régulièrement des fautes d'accord aux participes passés.
Eh non, erreur (je faisais la même il y a peu, merci à mon beau-frère), ce n'est pas "autant pour moi" mais bien "au temps pour moi". Ceci dit, j'ai perdu l'explication, il est question de terme militaire et de crosses... mc
Ah, la, la les garçons, quand même, vous assurez pas vraiment côtè souvenirs !
"au temps pour moi" fait référence à la vie militaire. Il s'agit de l'expression employée lorsque, marchant au pas et en groupe, le malheureux qui rompt la cadence se doit de réintégrer le rythme du dit groupe. Et donc, de s'éclamer "au temps pour moi !", avant de se couler avec élégance dans le rythme de ses petits camarades. Na.
L'étymologie d'au temps pour moi est un chouïa discutée (armée, musique ?) mais pas sa graphie originelle. Et il faut impérativement connaître la page des contre-propositions étymologiques, un meuhst.
Aux tempes pour moi et autres graphies.
Tu serais pas du genre... ch... non, plutôt pinailleur, toi ?
Alors l'enculeur de mouches, on met un accent circonflexe à "frère" dans les commentaires de Ron ?
Alors ça, c'est vraiment bizarre, je n'ai pas vu d'accent circonflexe. D'ailleurs, le Chieur ne commettrait jamais une faute aussi grossière. Je t'assure.
Il y en a un qui aime le saucisson... et à son sujet je vous conseille d'aller sur http://pahei.free.fr/dotclear/index Fabuleux !
L'Arno > je ne cause pas aux balances.
Mémé > quand on aura la grippe aviaire, une chose est sûre : toi, tu iras au paradis.
Tin tu t'embourgeoises le chieur. Au premier coup d'oeil, je pensais que tu allais faire un topo sur le prix exorbitant de ce produit.
Tu peux nous donner le prix au kilo ?
Marf! Un paquet comme ça, une volée de moineaux et ya plus rien.
je ne sais pas où la "Sardine du port " a été trouffion ni à quelle époque? - mais " au temps" où on m'a obligé à me déguiser en kaki et à marcher au pas avec les oreilles dans le sens de la marche - pour autant que je me souvienne - quand il y avait un pauvre trainglot qui perdait le ryhtme du pas cadencé - on entendait pas dans les rangs des excuses élégantes de PD... du genre : "au temps pour moi" chef !(orthographe pédantesque selon Thérive !!!) "autant pour moi" mon adjudant! nia nia nia - faudrait quand même pas confondre l'armée avec les majorettes en petites jupettes !
Non entendait juste les hurlements de l'affreux juteux qui gueulait comme un cochon qu'on égorge:
Et au présenté armes quand ça claquait pas ensemble il remettait cela vingt fois en aboyant à s'en arracher le gosier : AUTANT pour les crosses...bande de brels.... C'est fou où que ça peut nous emmener des histoires de petits saucissons...d'autant que..... hein ! La quille bordel...
Rhaaa, mais Nastik... Tu as des souvenirs de VIEUX ! Hi hi hi...
LeChieur, vieux aussi, mais objecteur de conscience. Quand on perdait la cadence au zinc, il y en avait toujours un pour nous remettre dans le rang : "dis-donc, LeChieur, t'en es qu'à ta troisième bière ? Tu suis ou quoi ?". "Ah, pardon, vieux. Au temps pour moi".
Ouais ! ouais ! Le chieur - que veux-tu - mon vieux - on ne choisit pas sa date de naissance - mais je ne me plains pas - comme ça j'ai eu la totale - j'ai vécu quelques trucs pas ordinaires - les longs fleuves tranquilles de toute façon c'est chiant.... Pour ce qui est de la cadence au zinc t'inquiètes pas - si tu calais déjà à la troisième Krön - t'es un bleu-bite - tu sais "de notre temps" on tenait bien la douzaine de bibines...d'affilée - cul sec ... On aurait pas supporté le merdier qu'on nous avait collé sur le dos, autrement que beurré. Eh oui ! Y avait pas de joint en ce temps là. Par ailleurs si t'as vraiment été objecteur - Alors là ! je te tire mon chapeau bien bas - sincèrement... et en plus si c'était pendant une guerre - alors là je n'ai pas de mot ! et tu me fais chier ! Moi j'ai loupé ça ! le regret de ma vie ...! Pas philosophiquement ni politiquement conditionné ? Curieux de voir comment c'était un vrai baroud ? Enfance du temps des verts de gris? Trop lu Hemingway ? etc etc ( des excuses - je sais ) Peut-être tout simplement pas assez de couille pour leur dire merde et chanter le déserteur de Vian ? Qui sait? Tout ça à la fois sans doute ? Enfin c'était plus compliqué que ça ! Mais c'est une autre histoire de couilloné, sans intérêt - et on est là pour parler de petits saucissons, pas pour raconter sa vie comme un vieux con...
Non, trop jeune pour que l'objection nécessitât d'avoir des couilles. D'autres étaient passés par là avant moi. Nous, il nous suffisait d'envoyer un courrier type pour avoir le statut automatiquement. Mais je ne regrette pas, hein ! Même si j'aime bien Hemingway.
Même si t'as pas eu besoin d'en avaoir ! je persiste et signe : Chapeau quand même !
Il eût été utile qu'ils explicassent (quassent?) également comment vomir. Sur le paquet, je veux dire.
Pas besoin d'explication, pour ça. Moi qui ai bouffé le paquet (par seul souci de recherche de la vérité, hein...), je peux te le dire : ça vient tout seul.
Merci Kozlika pour le lien, j'en pleure encore de rire.
Nastik, c'est l'avantage des théoriciens : nous n'apprenons que par ouï-dire.
Ce qui pour une sardine, va de soi.
Dans la série Vieux Con Plus Vieux Que l'Un Mais Moins Que l'Autre : on m'a refusé le statut d'objecteur et menacé d'un an de taule plus un an de service actif à une époque où l'objection créait quelques vagues. Me suis déballonné (deux ans chez les vert kaki non merci) et pour me remercier de bien vouloir servir la Mère Patrie, l'on m'expédia chez les Teutons que nous occupions encore à l'époque.
Là, j'ai réglé mon pas sur le pas de mes camarades, et mon coude aussi dans les gasthaus qui voulaient bien accueillir la bleusaille françouze (à cette époque le Teuton était peu disposé à nous sourire, allez savoir porquoi).
Le marquetigne en était à ses balbutiements : nous n'avions pas de mini-saucissons pré-mâchés à disposition et nous vomissions dans les rues enneigées sans avoir à ingurgiter ces horribles rondelles industrielles.
C'était le bon temps. On avait de belles guerres et peu de mini-saucissons. Nostalgie, quand tu nous tiens...
Merci KA - Ahhhhhh ! je ne suis pas tout seul à m'être dégonflé...ça soulage.
Et avant d'aller respirer l'air du bled j'ai aussi fait comme toi- j'ai trinqué dans les gasthaus - mais à mon époque et où j'étais les chleux étaient sympas, j'ai même pris quelques bitures avec des anciens de la wehrmacht ! 10 ans après Nuremberge hein ! cest pas mal...
je ne sais pas si ce sera un jour possible avec les anciens fels ! Y boivent que de l'eau paraît-il ?mais ce serait sympa !!!! un jour hein !
Excuses-nous Le chieur de profiter de ton comptoir pour échanger des souvenirs d'anciens CONs-toujours battants... c'est de ta faute - t'as vu où ça mène cette histoire de petits saucissons...
Et - Sînziana en plus qui se fout de la gueule du peuple : "on avait de belles guerres ! " Je t'en fouterais moi des belles guerres ! Qu'est qu'on peut écrire comme conneries quand même ! Mais c'est bien Sînz- continues -c'est open...ça ravigote... Ca nous sort du nia - nia...danke sehr tout le monde...
et j'oublais - Zînz - expliquassent c'est avec un cul Euh ! avec un Q. pas avec un C comme dans explicable. Recommences pas avec l'orthographe on a déjà eu droit à " au temps" " autant " et ça a fait couler beaucoup d'encre... On se croirait chez Pivot...
On va finir pas se faire virer avec nos grosses coquilles...
Allez, m'sieurs-dames, on va fermer, faudrait penser à régler la note. Bon, la dernière, elle est pour moi, tiens pis les cahuètes aussi. Sinon, ça vous dérange pas si je commence à mettre les chaises sur les tables ? Non, parce que le matin, j'ouvre déjà à 6 heures, alors bon...
je remets 1 franc dans le bastringue, Nastik
l'imperatif neprend pas de S ! on dit "recommence pas" (meme mieux "ne recommence pas")
ouarf
Radada, "impératif" prend un accent aigu, et "même" un circonflexe...
Allez patron, soyez sympa, un dernier pour la route : Ce matin il a fait sa gym, Nastik ?
Non non ne me remerciez pas, je sors, je m'en vais, d'ailleurs je ne suis déjà plus là.