Rencontre
vendredi 5 février 2010, 09:32 J'aime pas les gens Lien permanent
Elle est écrivain, a une vingtaine d’années de plus que moi. On s’est croisés deux ou trois fois sur des salons du livre, elle m’a fait un jour la gentillesse de m’appeler pour me dire qu’elle avait aimé un de mes bouquins, mais on ne se connaît pas tant que ça. Il y a quelques années, on a travaillé sur un même projet mais à distance et en parallèle, sans jamais se rencontrer ni s’échanger des mails ou des coups de fil.
Bref, nous sommes de vagues connaissances. Je vois en elle une femme plutôt calme et réservée, qui se cache un peu derrière la montagne de vêtements qu’elle superpose les uns sur les autres. Je ne sais pas ce qu’elle voit en moi. Un type qui n’est pas encore allé au bout de ses projets, je suppose.
Elle m’a invité à déjeuner dans cette petite ville que je n’aime pas, parce qu’elle voudrait me proposer une collaboration. Alors on parle. De tout, de rien. De nos expériences respectives, du travail, des libraires, de la société. On ne se dévoile rien de réellement personnel, on n’est pas là pour ça. Mais il faut croire que quelque chose me trahit : ma façon de parler, de me grignoter le bout des doigts, de bouger, je ne sais pas. Parce qu’à un moment, sans prévenir, elle plante ses yeux dans les miens et, tranquillement, l’air de rien, me pose LA question la plus intime, la plus déstabilisante, la plus incongrue au regard des conventions sociales et la plus en phase avec le chemin que je parcours secrètement depuis trois mois.
Je ne m’étais jamais senti autant à poil au restaurant. Jamais.
Commentaires
(Et ce blog est toujours officiellement, bien que provisoirement, fermé.)
Ah, ah ah ! Et maintenant les copains se posent des questions auxquelles tu ne voudras jamais apporter de réponse. T'es vraiment qu'un gros salopard.
On s'en fout de la question ! Ce qu'on veut c'est la réponse \o/
"Vous prendrez un café ?"
(Rololo, p'tain, faut tout leur dire : c'est pas la question (ni la réponse, d'ailleurs) qui serait intéressante en soi, c'est juste son incroyable pertinence. A part ça, on est seulement dans le domaine de l'enculage de mouches et du tripotage d'ego avec ou sans divan, ça n'a aucune espèce d'intérêt.)
Xave > Ca me fait marrer que tu te poses autant de questions (en t'imaginant des trucs énormes, je suppose), alors que ces interrogations-là, tu es forcément passé par les mêmes il y a un an et demi, au sortir de la librairie Tropismes...
Tu veux dire Tropimses ? (Une chtite différence, quand même : il y a un an et demi, je n'avais aucun interlocuteur possible. Ca n'arrangeait pas le sentiment de "particularité" (sans compter que j'avais d'autres bouleversements à gérer.))
Oué, j'ai des interlocuteurs possibles, mais justement pas cette dame, c'est bien ce qui m'a stupéfait. Et puis y a pas que la "particularité" (qu'on peut partager avec d'autres, donc). Y a aussi les questions de singularité. Et là, on est tout seul au milieu des copains.
"Je ne m'étais jamais senti autant à poil au restaurant. Jamais."
Marrant, ça. Je pensais pourtant que jamais tu ne battrais ton propre record de... attends, je consulte mes fiches... décembre 2005, dans un café anglais avec de grands fauteuils club, voilà, c'est ça.
Peut-être qu'il ne faisait pas restaurant ?
(ne me remercie pas si tes lecteurs exigent des détails, c'est tout naturel)
Là, c'est pas mes lecteurs qui exigent des détails, c'est moi-même : je n'ai aucune idée du souvenir que tu évoques. Mais alors, nib... (Ce que c'est moche, de vieillir...)
T'as qu'à relire Bloug, y a peut-être la réponse dedans …
à propos de bloug, on pourrait peut-être te rafraîchir la mémoire si on pouvait le feuilleter :P
Je ne peux que confirmer la redoutabilité des femmes écrivains d'une vingtaine d'années de plus que soi, qu'on croit ne connaître que vaguement et qui nous connaissent mieux que ça. (air songeur)