Rhogntudju ce que c’est bien, La Cité des nuages et des oiseaux… Ça te cueille en se faisant passer pour un récit énorme, puissant, qui défie le temps et l’histoire humaine avec son manuscrit sauvé du IIe siècle, son canon gigantesque tiré par des bœufs écrasés d’épuisement, son siège de Constantinople en 1453, son projet d’attentat terroriste en 2020, ses États-Unis ouvriers des années 1950, sa guerre de Corée et son vaisseau spatial en quête de planète bis… Mais au final, ces effets spéciaux de livre à gros budget ne sont là que pour le plaisir de l’illusion, comme les décors en carton peint d’un théâtre d’enfants ou une balade en pérambulateur dans les pixels du métavers.

Car en réalité, La Cité des nuages et des oiseaux, c’est une magnifique histoire de poche, une infinitésimale bulle d’humanité dans l’horreur fracassante du monde. Un filet d’espoir ténu qui palpite en reliant une poignée de protagonistes à travers les siècles : Omeir, Anna, Zeno, Seymour, Konstance… Autour d’eux, quelle que soit l’époque où ils se trouvent, tout s’effondre. Mais tant qu’il leur reste un fragment de livre, la magie d’une histoire déchiffrée à la lueur d’une chandelle pendant que pleuvent les boulets de canon, alors tout devient possible.

Bref, si jamais t’avais envie d’un roman amer, subtil, chaleureux et réconfortant comme une gorgée d’Orval, je te conseille avec insistance de le commander à ton libraire indépendant (ici en France, ou là en Belgique). Promis, après tu voudras l’offrir à des pelletées de gens.