lundi 4 janvier 2021

Journal de quarantaine 4

Le caleçon le plus célèbre de Belgique depuis deux jours (en bas à gauche, dans le miroir)

Aimables internautes, trolls immarcescibles et autres créatures de la toile (oui, bon, je recycle mes vieux gimmicks des années 2000 si je veux, nan mais ho !), aujourd’hui était non seulement mon quatrième jour de quarantaine, mais aussi celui de ma rentrée des classes. Laquelle eut lieu en visio, évidemment, ce qui ne m’a pas tellement changé du mois dernier. Ni de celui d’avant. Ni du printemps. Enfin bref. Télétravail as usual, quoi.

Eh bien je peux vous dire que j’ai grave fait attention à ma tenue vestimentaire, avant d’allumer Teams ce matin. Pas question de la jouer comme Bart.

Car Bart De Wever n’est pas exactement mon personnage politique favori, malgré son prénom évoquant celui d’un sympathique môme à face jaune. Bourgmestre de la belle ville d’Anvers, c’est aussi le président de la N-VA. Un parti nationaliste dont le projet unique (et quasi-obsessionnel) est l’indépendance de la Flandre, donc la fin de la Belgique. Alors certes, on parle d’une nation qui a repoussé les frontières du bordélique au-delà de l’imaginable. Une nation qui compte trois langues officielles, six gouvernements, plus de cinquante ministres et près de 500 parlementaires pour moins de 12 millions d’habitants. Et c’est vrai que si l’on fait le ratio, c’est énorme : c’est comme si la France comptait 300 ministres et 3000 députés ; vous imaginez le bazar, le mercredi à l’Assemblée Nationale ? Mais je n’ai pas envie qu’il disparaisse, moi, ce pays tout brindezingue qui a engendré René Magritte, André Franquin, Patrick Declercq, François Damiens, Arnold Charles Ernest Hintjens et tant d’autres individus dont les connexions neuronales produisent d’enthousiasmantes étincelles !

Et donc, Bart, là, en ce moment, il est un peu en galère. Il y a quelques mois, tous les autres partis dits “traditionnels” ont réussi à se coaliser pour former un gouvernement fédéral sans lui. Évidemment, ce gros machin chaotique, agrégat de socialistes, d’écolos, de libéraux, de centristes, de chrétiens démocrates et d’autres brols du même acabit, n’a absolument AUCUN espoir d’arriver à faire tourner le pays normalement. Avec un Premier ministre de droite et une (presque) majorité de gauche, on imagine les disputes sans fin dans les conseils des ministres. Mais ce qui lui colle un seum de première catégorie, au Bart, c’est que la N-VA, qui était arrivée en tête des élections dans le nord du pays, se retrouve Rémy. Même pas un petit sous-poste de secrétaire d’État adjoint à la préservation des dentelles de Bruges, c’est rageant !

Je ne vous fais pas de dessin : inévitablement, le gars se laisse aller. Je ne sais pas s’il passe ses soirées à siroter des Triples d’Anvers au fond de son canapé en regardant perdre le Royal Antwerp Football Club en Jupiler Pro League (si, si, je vous jure que ça existe : on est en Belgique, hein ! Évidemment que le championnat national de foot porte le nom d’une marque de bière !), mais une chose est sûre : Bart est tellement désabusé qu’il fait ses interviews en caleçon. Problème, il s’est fait gauler par une journaliste de Radio 2

Et c’est ainsi que LE chantre de la scission a réussi LE miracle que plus personne n’espérait en Belgique depuis des décennies : restaurer l’unité du pays, lequel se fout de sa gueule depuis deux jours, en trois langues et dans une splendide unanimité. Avouez qu’il y a de quoi l’avoir mauvaise.

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